Gazou

J'ai conscience d'avoir raté cette année sur pas mal de plans concrets.

Niveau études, déjà, bien sûr. Fiasco total. J'ai séché la moitié, et je suis à peu près sûre d'avoir raté l'autre moitié des rares examens où je suis allée.
Niveau sentimental, rien à dire, le vide intersidéral, avec même pas l'écho, ni même le corbeau ou le souffle de vent. Mais à la limite, ça c'est secondaire et je suis pas encore mûre pour ces trucs-là, j'ai encore du retard à rattraper, humainement.
Niveau familial, je me rends compte que j'étais devenue de plus en plus distante, susceptible, égoïste et même capricieuse et renfermée, avec ma famille. Crise d'ado en retard ? Sauf peut-être mon père, avec qui j'ai instauré comme un sorte de routine et une complicité bien agréable. Mais il faut dire que le climat familial, avec mon frère, faisait tout pour m'obliger plus ou moins consciemment à m'enfermer à l'abri dans ma bulle en attendant que le tempête passe. Il faudrait que je revienne un peu à la réalité, mais plus on s'en est éloigné, plus c'est douloureux d'y replonger.

J'ai eu pas mal de doutes, de moments vides et de déprimes sans raisons particulières. Une impression de faire du surplace, comme si j'étais constamment dans un sentiment de déjà-vu peu agréable. Une impression de ne pas évoluer, de douter, d'inconstance. Voire d'être minable. Et ce, doublé de moments d'euphorie et de joie intense, là aussi sans raison particulière. Peut-être que je deviens lunatique.

Mais pourtant, cette année m'a apporté d'autres choses qui m'avaient toujours manquées, des choses dont j'avais réellement besoin, d'un niveau affectif et social, auxquelles je n'avais plus goûté, ou si peu, depuis la primaire. Je ne peux pas le nier, je me suis beaucoup amusée, cette année, et c'est pour cette raison que je ne regrette pas mes échecs, et que j'ai décidé de les prendre comme des leçons pour évoluer, construire ma personnalité, et aller de l'avant. J'avais besoin un peu d'échouer, moi qui faisais autrefois toujours tout si bien. Celle qui s'appliquait, qui était en avance aux rendez-vous, qui refusait d'aller aux fêtes, d'aller voir des gens, qui réussissait tous les examens, et sur qui on pouvait compter. C'est lassant d'être quelqu'un dont on attend toujours que des choses carrées, parfaites et sérieuses. J'ai l'impression d'avoir enfin commencé à vivre comme je l'aurais toujours voulu, cette année. Je commence enfin à cesser de me méfier des autres. Je commence à m'ouvrir à la vie et aux autres, à cesser de dramatiser, et à vivre ma vie comme je l'entends. Il était temps que je cesse de me complaire dans mon sérieux fade et ma façade terne en gardant mon imaginaire pour moi. Tout ça je le savais depuis longtemps, depuis le collège, en fait, mais je n'avais peut-être pas encore la force, le courage, ou juste tout simplement pas assez de personnalité pour m'affirmer. Et je ne fais que me lancer dans cette voie. Je suis loin de mon but.

En conclusion, cette année m'a fait évoluer dans la construction de ma personnalité, au niveau de l'amitié, des relations sociales, et humaines, tout simplement. Et je ne saurais même pas exprimer l'immense affection/amour/amitié/reconnaissance/admiration pour les personnes les plus proches de mon entourage, dont le soutien (direct ou indirect, volontaire ou non) m'a aidée à ne pas devenir une loque humaine, enfermée dans son petit monde. Mon petit monde qui est tellement mieux, une fois partagé avec les autres. J'étais égoïste et prétentieuse, en un sens, en voulant le garder pour moi seule, quand j'avais 7 ans...

Ma prof de théâtre, après les représentations qui se sont (enfin) terminées, m'a dit quelque chose qui m'a un peu surprise. Que j'avais un imaginaire extraordinairement riche, mais que ma façon de jouer était trop "solitaire". Ca résume bien mon mode de vie jusqu'à maintenant.

Mais les choses commencent seulement à changer.

Rendez-vous dans un mois et demi, à mon retour du pays du yaoi (le Japon, pour les incultes).